Mohamed Belhalfaoui - La poésie arabe populaire de l'Algérie
Mohamed Belhalfaoui
La poésie arabe populaire de l’Algérie
(Extraits) ou apparaît un poème de A. Ben Triki sur La Mecque
1. De l’amour en poésie
“Les deux thèmes-rois de la poésie arabe algérienne d’expression dialectale sont l’amour
et la religion. Il est même possible d’aller plus loin et d’affirmer que la grande affaire l’unique pourrait-on dire, c’est l’Amour avec un grand A. L’amour passion et charnel
terrestre; l’amour passion terrestre mais chaste et sublimé; l’amour du pays natal; l’amour de Dieu; celui des Prophètes, et surtout celui du Prophète par excellence, le Prophète Mohamed; l’amour des “amis” de Dieu, une place étant réservée ici aux plus populaires d’entre eux l’Imam Ali et les membres de sa famille, en particulier son épouse et fille du Prophète, Fatima Zahra et son fils Sid el Hocine; enfin un grand nombre de saints et, en tête de tous, le plus populaire d’entre eux : Sidi Abdelqader el Djilali. N’oublions pas, en outre, que cet
amour religieux utilise souvent l’arsenal du vocabulaire habituel de l’amour charnel et humain. (… ) Le mysticisme populaire est très simple mais il connaît, par contre, une sorte de raffinement dans l’expression, très original et parfois étrange. Cet amour de Dieu, cette passion pour le Prophète, pour les saints et pour les villes saintes s’exprime dans un langage
véritablement érotique. La Mecque est une belle que l’on décrit en allant souvent loin dans le réalisme. C’est une femme, la bien-aimée, la fiancée; elle a un corps parfait, une “poitrine marmoréenne”, etc. Le Prophète? On décrit sa taille; on parle de son beau front, de ses cheveux, de ses yeux noirs et de ses longs cils. Lorsqu’il rend visite à Ben Khlouf “dans la réalité et non plus dans le rêve”, le poète est positivement “joue contre joue avec le Prophète”. Ben Triki écrit à propos de La Mecque :
“Ses tresses noires comme les ténèbres /
Dépassent la ceinture et recouvrent ses jambes /
Heureux qui peut les voir /
Elle charme avec ses yeux rêveurs, immenses et beaux /
Les limons et les pommes embaument alentour /
Les parfums se répandent de toutes les fleurs /
Dons du Créateur, seins merveilleux /
Que je caresserai de mes mains.”